L’entreprise sans chef

Cela peut sembler curieux, mais il existe des entreprises sans chef, et elles se portent bien. Dans ces organisations, tout le monde a un manager, négocie ses responsabilités avec ses collègues, dépense une partie du budget de l’entreprise sans l’aval d’un supérieur, embauche des collaborateurs si nécessaire et c’est une concertation entre collègues qui permet de fixer les salaires.

Les avantages de ce système

Ceux qui ont opté pour ce système sont partis de plusieurs principes :

  • la hiérarchie coûte souvent très cher
  • les décisions prises ont plus de chances d’être catastrophiques car concernant les décisions importantes, peu de monde peut les contester et ceux qui dirigent sont souvent très éloignés du terrain et donc de la réalité
  • les décisions et les adaptations sont plus lentes
  • les collaborateurs sont déresponsabilisés et perdent de leur réactivité opérationnelle.

Les éléments indispensables au succès

Pour qu’une entreprise sans hiérarchie fonctionne, il faut réunir plusieurs facteurs dont le sens partagé, l’autonomie, la coordination et le feedback.

  • le sens partagé. Dans ce type de système, chacun est totalement autonome, peut organiser son travail à sa manière, acheter les produits qui lui sont nécessaires pour travailler, et même recruter du personnel. Bien sûr, il faut partager un projet fort qui va permettre d’indiquer la direction et à chacun de s’aligner, évitant ainsi le risque que cela parte dans tous les sens. Ainsi, l’entreprise doit définir sa mission et la résumer en une phrase ou slogan que chaque collaborateur pourra retenir et à partir de laquelle il déterminera sa propre contribution au sein du système.
  • l’autonomie. Dans ce type d’entreprise, il n’existe pas de définition de postes, chacun créant son utilité à partir du projet global, mais aussi de ses propres compétences, envies et objectifs. C’est aussi à chacun de définir de quels outils il a besoin pour mener à bien sa mission et quels dépenses, il doit engager et quelles embauches éventuelles, il doit effectuer. Sans oublier que dans un système sans hiérarchie, tout le monde peut proposer des améliorations.
  • la coordination. Pour que cela fonctionne, il existe plusieurs niveaux de coordination. D’une part, les collaborateurs négocient des accords signés entre eux portant notamment sur les livrables, les engagements réciproques de livraison, les objectifs chiffrés, et d’autre part les différentes unités d’affaires de l’entreprise matérialisent également leurs relations par des des contrats.
  • le feedback. Des outils de feedback sont disponibles pour assurer un ajustement continu et géré de manière autonome. Chacun accède à un maximum d’informations et les unités d’affaires analysent régulièrement les résultats et leurs classements en fonction de leurs performances. Et chacun peut proposer un plan d’amélioration.

Bien évidemment, il peut y avoir des désaccords, d’où la nécessité dans ce type d’organisation de prévoir un médiateur et un jury au cas où l’intervention du médiateur ne permette pas de régler les conflits.